Charte Éthique du Football
Préambule
Le
Football, parce qu'il est le sport le plus pratiqué en France et le plus
médiatisé, se doit d'offrir,
notamment aux jeunes, une image exemplaire
car le sport doit rester une fête de l'humain et de la
fraternité.
Retrouver
l'esprit sportif
Le
sport est porteur de hautes valeurs morales qui en font un moyen d'éducation
exceptionnel et un
facteur irremplaçable d'épanouissement
de la personne, d'intégration sociale et de promotion de
l'homme.
L'esprit
sportif, c'est aussi le respect des valeurs humaines qui doivent prévaloir en
tout état de cause
sur les enjeux de la compétition, enjeux
économiques compris.
Ces
valeurs sont :
-
L'effort :
Le
sport est d'abord un engagement personnel et une volonté de dépassement de soi,
et une recherche
d'excellence. La discipline
physique est son exigence. L'ardeur combative et la volonté de vaincre en
découlent, mais ne seront vertueuses
qu'alliées à la maîtrise de soi et au respect de l'autre.
-
La loyauté :
Le
sport est un jeu défini par des règles, sans lesquelles il n'est pas de
compétition sincère. Le respect
absolu de la règle est la condition de
l'égalité des chances entre les compétiteurs et peut, seul, garantir
qu'à l'arrivée, le résultat se fonde uniquement
sur la valeur. Le respect de la règle doit être recherché
non seulement dans sa lettre, mais aussi dans
son esprit : c'est la "déontologie" du sportif.
-
Le respect :
Le
sport est respect des autres, comme il est respect de soi-même et de son corps.
Le joueur qui frappe
un adversaire se frappe en réalité lui-même. Le
sport n'est pas la guerre et l'adversaire n'est pas
l'ennemi.
Le
respect mutuel est la condition pour que la compétition élève l'homme, qu'il
soit acteur ou
spectateur, dans sa dignité, plutôt qu'elle
ne révèle ses plus bas instincts. Avoir l'esprit sportif, c'est
essayer non seulement d'être un bon
joueur, mais surtout un beau joueur, respectueux de la règle, de
l'arbitre, de l'adversaire et des
partenaires, modeste dans la victoire et sans rancoeur dans la défaite.
-
La fête :
Le
spectacle sportif est aussi une fête collective. La joie d'être ensemble, le
sentiment d'appartenir à
une même collectivité, les émotions partagées
sont source d'une vraie jubilation. Il serait d'autant plus
dommage de gâcher la fête par des
comportements déplacés.
-
La fraternité :
Le
sport unit les hommes dans l'effort, quelles que soient leurs origines, leur
niveau social, leurs
opinions ou leurs croyances. Il est école
de tolérance, de solidarité, et facteur de rapprochement
humain. Il est aussi, dans un monde où
les inégalités sont de plus en plus criantes, un formidable outil
de promotion individuelle et d'intégration
sociale.
-
La solidarité :
L'esprit
d'équipe est une composante essentielle de l'esprit sportif. La recherche des
performances
individuelles doit parfois
s'effacer devant l'intérêt collectif. La générosité, l'abnégation, la
compréhension mutuelle, l'humilité
même, sont aussi vertueuses que la volonté de vaincre. Le sport est
aussi école de solidarité.
Vers
une charte éthique du football
Toutes
les personnes participant, à un titre ou à un autre,
au football, joueur débutant ou confirmé,
entraîneur, arbitre, éducateur, dirigeant,
parent, supporter, spectateur, agent de joueurs, sponsor,
journaliste spécialisé, sont dépositaires
des valeurs dont il est porteur, et responsables,
individuellement et collectivement,
de leur défense et de leur mise en valeur.
En
foi de quoi, chacun sera appelé à adhérer à la charte ci-après et à participer
à sa promotion en toutes
circonstances.
1.
Respecter les règles
L'activité
sportive implique l'élaboration de lois du jeu et de règlements sportifs ainsi
que leur
application.
L'égalité
des chances étant l'essence même du sport, l'ensemble de ces lois et de ces
règlements définit
les conditions du jeu et de la performance.
Établi
par les sportifs eux-mêmes au sein d'une institution autonome, la F.F.F., cet
ensemble résulte
d'une construction collective.
La
règle est ainsi le reflet de l'usage de la liberté du sportif. Elle est en
évolution permanente car le
sport est création. Elle tient compte d'une morale
du sport qui fait que le sport est sport, car le sport est
culture à part entière. Elle est faite
par le sportif, pour le sportif, car le sport est humaniste.
Recommandations
/ obligations
–
Connaître les règlements et s'y conformer est l'une des tâches fondamentales de
l'éducateur ;
–
L'enseignement de la règle doit mettre en valeur ses raisons, notamment pendant
l'entraînement ;
–
Le dirigeant tient un rôle premier dans la codification de la règle par rapport
aux besoins des
pratiquants et pour la protection de leurs
droits (santé, sécurité, équité sportive, intérêts...) ainsi que
dans le respect de ladite règle. Il est élu pour
cela ;
–
Les clubs doivent assurer de façon permanente auprès de tous leurs membres,
surtout auprès des
jeunes, la connaissance et
l'application des règlements dans un souci aussi bien fonctionnel que
pédagogique.
Comportements
répréhensibles
–
Manquements aux règlements et tous contournements de l'esprit du jeu.
2.
Respecter l'arbitre
L'arbitre
est le garant de l'application de la règle. Il remplit une fonction
indispensable en l'absence de
laquelle il n'y aurait pas de jeu. Il est
le directeur de jeu.
Comme
tout être humain, il peut commettre des erreurs, tout comme le pratiquant,
erreurs
d'appréciation qui doivent être
admises comme des aléas du jeu.
Il
peut être fait appel de ses décisions, mais dans le strict respect de la
procédure prévue à cet effet par
les règlements.
Recommandations
/ obligations
–
Obligation de formation et de recyclage pour tous les arbitres. La mise en
oeuvre de ces actions doit
être assurée par les responsables fédéraux de
l'arbitrage, à partir des analyses de la saison et de ses
incidents et dans un souci permanent de
perfectionnement ;
–
Obligation de protection de l'arbitre contre d'éventuelles agressions ;
–
A l'entraînement, mettre chaque pratiquant dans la situation de l'arbitre
permet un meilleur
apprentissage des règles du jeu et
une meilleure compréhension du rôle de celui-ci ;
–
Prendre des dispositions pour faciliter la compréhension de la décision de
l'arbitre, y compris dans
les commentaires d'après match ;
–
L'arbitre sera d'autant mieux respecté que les procédures de contrôle de
l'arbitrage fonctionneront
efficacement.
Comportements
répréhensibles
–
Toute contestation qui ne s'exprime pas dans le cadre de la procédure :
protestation ostentatoire,
allusions pernicieuses, fausses
allégations... ;
–
Tout manquement au devoir de réserve dans les déclarations publiques.
3.
Respecter ses adversaires
La
compétition est une rencontre, même si on se rencontre pour s'opposer. On se
retrouve en même
lieu, au même moment et on échange grâce à un
langage commun : les lois du jeu.
En
conséquence, l'adversaire n'est pas l'ennemi, il est le partenaire
indispensable. Même si on joue
contre lui, en fait on joue avec lui.
On
joue pour gagner, mais on doit se rappeler que la victoire est éphémère, voire
dérisoire au regard
de la poignée de mains, de l'échange des
maillots, du pot d'après-match.
Adversaires,
partenaires et officiels remplissent tous une fonction indispensable au
déroulement de la
compétition.
Recommandations
/ obligations
–
Insister sur le rôle des capitaines, des entraîneurs et éducateurs, des
arbitres, des dirigeants et du
public dans cet effort de respect
mutuel ;
–
Instituer des protocoles de rencontres sportives exprimant, par la courtoisie,
la reconnaissance du
rôle de chacun ;
–
Affirmer le rôle de tout officiel intervenant à l'intérieur de l'aire de jeu et
qui participe à l'incitation
au respect ;
–
Tout en exerçant librement son droit de critique, la presse doit veiller à ne
pas atteindre l'homme ou
le citoyen derrière l'arbitre, l'officiel, le
dirigeant, l'éducateur sportif ou l'athlète.
Comportements
répréhensibles
–
Toute attitude incorrecte ou de refus de courtoisie ;
–
Tout manquement d'un officiel à ses fonctions, car son devoir premier réside justement
dans sa
vigilance par rapport au respect de chacun
pour les autres, sans lequel la compétition ne peut se
dérouler valablement.
4.
Bannir la violence et la tricherie
Les
activités physiques et sportives constituent un facteur important d'équilibre,
de santé,
d'épanouissement de chacun. Elles
sont un élément fondamental de l'éducation, de la culture et de la
vie sociale.
Les
violences physiques (coups, blessures,) ou psychologiques (menaces,
intimidations) mettent en
danger la santé ou l'équilibre psychique
et vont à l'encontre de l'épanouissement de chacun.
La
tricherie introduit une rupture dans l'égalité des chances.
Violences
et tricheries contredisent les buts de l'éducation, sont une négation de la
culture et
s'opposent au développement de la vie
sociale.
Recommandations
/ obligations
–
Tous les acteurs du sport doivent considérer comme une obligation le refus de
toute forme de
violence et de tricherie : organisateurs,
dirigeants, éducateurs, sportifs, présentateurs ou animateurs
de rencontre, sponsors .... ;
–
Les médias doivent avoir le courage de dénoncer, s'il le faut, l'attitude d'un
public partisan et/ou
chauvin, incitant à des actes de
violence ou y conduisant.
Comportements
répréhensibles
–
Le surentraînement, les systèmes de compétition trop lourds ou inadaptés sont
aussi des violences.
Auprès
des jeunes, ils constituent une faute éducative grave ;
–
Toute agression verbale ou physique, sur quelque personne ou groupe de
personnes que ce soit ;
–
Toute provocation, toute incitation à la violence, sous quelque forme que ce
soit ;
–
Toute discrimination (par rapport au sexe, aux apparences ou capacités
physiques, à la condition
sociale, aux opinions religieuses et
politiques), tout comportement raciste ou xénophobe ;
–
Toute manoeuvre pour obtenir un avantage en détournant ou en contournant la
règle est
condamnable : fausse déclaration, usage de
faux, sabotage, corruption... ;
–
Toute atteinte aux biens d'autrui et de la collectivité (vol, effraction,
vandalisme, détournement de
fonds, escroquerie) ;
–
Le dopage est systématiquement une tricherie et une violence contre soi, dont
les conséquences
physiologiques sont imprévisibles à
long terme. Il en est de même pour l'instigation au dopage qui
constitue, de plus, un délit pénalement
réprimé.
5.
Être maître de soi
Le
sport est passion et émotion. Mais cette passion, induisant un dépassement de
soi et une générosité,
doit être contrôlée :
–
par l'éducation individuelle du comportement ;
–
par l'organisation d'un environnement participatif et clairvoyant.
L'émotion
relève d'un imaginaire qui ne doit pas pour autant faire oublier le réel. Le
sport doit rester le
sport, quelles que soient les dimensions
médiatiques et économiques atteintes.
Le
sport est recherche d'excellence. Si, parfois, le désir de victoire et l'envie
de dépassement de soi
peuvent inciter à des prises de risques
jusqu'à la "liberté d'excès" affirmée par Pierre de Coubertin, ni
l'intégrité physique de l'adversaire, ni le
respect de son propre corps ne doivent en souffrir.
S'il
est légitime d'encourager ses propres couleurs, il faut se souvenir que celles
des autres sont tout
autant respectables.
Recommandations
/ obligations
–
Affirmer le rôle des éducateurs (notamment envers les plus jeunes) ainsi que de
tous ceux qui
transmettent ou retransmettent le
message sportif ;
–
Importance du rôle des officiels pour éviter tout débordement. Respecter les
formes de compétitions
adaptées aux jeunes ;
–
Nécessaire prise en compte de l'avis des médecins pour ce qui concerne les
capacités (en fonction
des âges et des niveaux) et lieux de pratique ;
–
Les journalistes sportifs doivent avoir conscience de leur influence. Ils
doivent mesurer leurs propos
et commentaires, dans le respect de leur
déontologie professionnelle.
Comportements
répréhensibles
–
Tout comportement agressif, toute incitation aux débordements ;
–
Toute pression due à des critères autres que sportifs.
6.
Être loyal et fair-play
Le
respect de la règle passe par la lettre mais aussi par l'esprit. Il est impossible
de tout codifier, même
si la codification est nécessaire pour
sanctionner les comportements déviants. L'exercice de la loyauté
et du fair-play permet d'éviter de trop
codifier, d'élaborer trop de règles qui sont le plus souvent des
interdits et qui, de ce fait, peuvent
devenir des contraintes. L'esprit du sport n'est pas l'affaire des
autres, mais de chacun.
La
valeur fondamentale du sport réside dans sa sociabilité, dans la volonté de
vivre ensemble. Cette
sociabilité est construite par les sportifs
eux-mêmes au sein d'une institution associative, ce qui fait que
le sport est une école de citoyenneté. Ainsi ne
peut-on attendre des autres que ce que l'on est prêt à
donner soi-même : il n'y a pas de vie
sociale sans loyauté.
Si
on possède l'esprit sportif, on doit en faire preuve en tous lieux et toutes
circonstances.
Recommandations
/ obligations
–
L'introduction à l'esprit sportif doit prendre place dans tous les programmes
de formation ;
–
Il convient, en conséquence, de récompenser
les comportements relevant du fair-play.
–
Comportements
répréhensibles
–
Toute manoeuvre, même si elle n'est pas explicitement contre la règle, mettant
en danger la santé, la
sécurité, l'équilibre des autres ;
–
Tout procédé tendant à rechercher un avantage en faisant condamner indûment
l'autre ou à rompre
l'égalité des chances ;
–
Toute manoeuvre dilatoire faite pour contourner la règle.
7.
Montrer l'exemple
Personne
n'est obligé de faire du sport. On en fait parce qu'on le veut bien, parce
qu'on y éprouve du
plaisir ou qu'on y recherche son
épanouissement. Par cette pratique, on se réalise dans le cadre d'un
idéal sportif dont on est responsable. Il
appartient à chacun d'être le porteur de cet idéal et de
l'exprimer par son comportement, au
bénéfice de l'image du football et de l'image du sport en général.
La
générosité s'exprime dans l'effort, dans la volonté de dépassement de soi. Elle
s'exprime aussi par
rapport aux autres dans son attitude,
dans son engagement.
A
quoi servirait-il d'être généreux si on n'est pas tolérant ? Sa propre vérité
n'est pas forcément
meilleure que celle de l'autre. La liberté
s'exprime par la diversité.
La
générosité s'exprime aussi par le désintéressement et le refus de tout cumul
d'activités incompatible
avec la déontologie.
Recommandations
/ obligations
–
Le champion est l'expression de l'excellence. Qu'il le veuille ou non, il est
l'exemple et son attitude
rejaillit sur toute la pyramide sportive.
Il doit donc être exemplaire ;
–
Les officiels, quelle que soit leur fonction, ne peuvent faire respecter cette
exemplarité s'ils ne la
respectent pas eux-mêmes ;
–
Ils se doivent d'être en tous points exemplaires, non seulement au regard de
l'image qu'ils donnent
par leur action au sein du football, mais aussi
à l'extérieur ;
–
Les sanctions qui leur sont appliquées peuvent, en conséquence, être plus
lourdes et porter sur
l'interdiction d'exercer des
fonctions officielles.
Comportements
répréhensibles
– Tout comportement portant atteinte à l'image
du football ou à sa fonction dans la société ;
–
Toute intolérance.